La chanteuse dont le nouvel album s’appelle “La Vitesse” nous parle de son goût de la vie à vive allure, qui n’empêche pas de tout contempler avec poésie.
Édito de Charles Pépin
“Je voudrais vous raconter l’histoire de la vitesse, ou plutôt, l’histoire d’une fille. C’est une fille qui n’a pas de temps à perdre, pas le genre à attendre d’avoir toutes ces chansons bien prêtes avant de pointer son nez en studio, elle préfère foncer en studio et puis on verra bien, on prendra sa guitare et on prendra ce qui vient (…) Elle y va : ce n’est pas parce qu’elle est prête qu’elle y va ; c’est parce qu’elle y va qu’elle est prête. Elle est un peu triste ? Pas grave, elle accélère. Elle est joyeuse ? Très bien, elle accélère aussi. Elle prend de la vitesse comme on prend son envol ou comme on prend une décision. (…)
Vivre vite : et si c’était la meilleure façon de coller au mouvement même de cette vie ? Vivre vite : et si c’était en même temps, paradoxalement, la meilleure façon de goûter aux charmes du ralentissement ?”
Son dernier album, “La Vitesse”
Izïa le dit, elle ne se sent bien que quand elle est en mouvement. Pour cette album, qui ne parle que de vitesse, il a été composé et écrit rapidement, comme elle l’explique :
“Comme pour tout moment d’accélération, de vitesse, en fait je n’ai pas réfléchi une seule seconde. C’est ça qui est étonnant. Et même au final, quand j’ai écrit tous les morceaux, quand je les ai composés avec Bastien Burger, quand on a produit tout ça, on n’a pas du tout réfléchi aux morceaux. En fait, c’est là, même plutôt un an après être entrés en studio, aujourd’hui, en en parlant en promotion que je me rends compte que cet album parle absolument que de vitesse, que d’aller vite, que de tracer sa route, que d’aller de l’avant.”
Elle avait alors décidé de travailler de la façon qui lui faisait plaisir, c’est-à-dire vite. Après deux ans de Covid, à la sortie du confinement, elle a voulu passer du temps en studio, et faire ce qu’elle avait envie de faire : un album comme dans les années 1970, “on faisait 50 % boire du vin et 50 % de la musique, et s’amuser et aimer son travail.”
Vitesse versus immobilisme ?
Charles Pépin loue les bienfaits de la vitesse : “on s’aperçoit que quand on est en train de dire : ‘voilà, on va vite.” C’est un peu comme si on n’était pas présent, comme si on était agité. Mais en fait, on s’aperçoit que quand on est bien, quand on est dans le plaisir, vite. Finalement, il y a un phénomène de ralentissement qui fait qu’on produit en étant concentré et que la vitesse rejoint une forme de tranquillité au fond.”
Izïa adhère tout à fait à cette philosophie. En effet, pour elle, il n’y a pas de bonne ou de mauvaise manière d’être un être humain :
“Et il y a quelque chose que je trouve assez étonnant, c’est qu’en fait la stabilité, l’immobilité, la contemplation, toutes ces choses-là sont considérées comme quelque chose de bon, de positif pour l’être humain, alors que la vitesse, l’accélération, le fait de ne pas forcément réfléchir, la spontanéité, etc. Toutes ces choses-là sont plutôt considérées comme quelque chose de négatif, comme des gens qui ne réfléchissent pas. Et en fait, je pense qu’on se trompe royalement. Il faut accepter nos différences, c’est ainsi que l’on est. Il n’y a pas de bonne manière d’être ou de mauvaises manières d’être. Comme la solitude, c’est considéré comme quelque chose de positif. Les gens qui aiment être seuls réfléchissent, et tout ça. Moi, je n’aime pas être seule ! Je n’aime pas la solitude, ça m’emmerde ! Donc on est tous différents. Il n’y a de bonne ou de mauvaise manière d’être un être humain.”
Accueillir ses émotions sans jugement
Pour l’artiste, nous sommes en constant changement. Coexistent en nous une multitude de pensées et d’états, comme elle l’explique :
“La stabilité est impossible. Et moi, c’est ce que je suis en train de comprendre en fait, et aussi à travers ce disque, c’est que la stabilité, c’est impossible à trouver. Alors il y a des vies plus ou moins stables. La mienne est légèrement chaotique, mais il faut embrasser ces sensations de bien-être comme ces sensations de mal-être et ne pas se juger en temps réel. Essayer de se comprendre et de s’analyser. C’est important d’apprendre à se comprendre soi, mais pas forcément tout le temps d’analyser une sensation de bien-être. Accueillir le raisonnement de ses émotions.”
Charles Pépin énonce alors une très belle expression qu’il a découverte : “il faut chevaucher ses peines comme ses joies”. Izïa a d’ailleurs, sur l’album Citadelles, une chanson en duo, avec Jeanne Added, qui s’appelle “Chevaucher”.
Source France Inter : Sous le soleil de Platon – Épisode du mardi 5 juillet 2022 par Charles Pépin
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